Journée de la Terre
En cette journée de la Terre, et pour toutes les autres journées de l’année, un arrêt sur image afin de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour prendre soin de notre planète.
D’ici 2050, 3,5 milliards de tonnes de déchets seront produites annuellement, près de deux fois plus de ce que nous jetons actuellement ! Une croissance inacceptable considérant que seulement le 1/3 est géré de façon écoresponsable[1].
Production de déchets projetée par région
Figure 1 Tendance dans la gestion des matières résiduelles, Banque Mondiale (2016)
Même si la collecte des déchets dans les pays d’Europe et en Amérique du Nord atteint 90 %, il est impératif de changer nos habitudes de consommation et la fabrication de certains produits afin de réduire ce que nous envoyons à l’enfouissement.
Pour la plupart des pays, la collecte et le traitement des déchets sont de responsabilité municipale. Plus de 70 % des pays ont des réglementations et l’infrastructure en place pour les services de gestion des matières résiduelles. Au moins la moitié des services sont effectués par des entités publiques et une autre portion par le privé. Les frais d’exploitation de ces services s’élèvent à 100 $US/tonne de déchets et continueront de croître. Toutefois, encore trop de matières collectées prennent la voie des sites d’enfouissement, car 51 % de ces déchets sont valorisables ![2]
Figure 2 Tendance dans la gestion des matières résiduelles, Banque Mondiale (2016)
Au cours des dernières années, des efforts importants ont été déployés pour valoriser certains résidus. Pensons aux papiers et cartons, aux matières organiques et aliments et même aux textiles. Il faut optimiser la valorisation de ces matières, mais aussi développer de plus en plus la valorisation d’autres matières dont les plastiques.
La composition moyenne nationale (Canada) en pourcentage des Déchets Solides Municipaux (DSM) résiduels en 2016
Figure 3 Étude nationale de caractérisation des déchets, 2020
Le Québec a réussi à développer plusieurs innovations afin de valoriser certaines matières résiduelles. Les résidus alimentaires et organiques vont trouver une nouvelle voix avec les procédés de biométhanisation, les différents papiers et cartons pourront être réutilisés entre autres pour des contenants alimentaires et les matériaux de construction bénéficient déjà du développement de robots appuyés par de l’intelligence artificielle afin de mieux trier leur contenu. Les déchets électroniques, qui deviennent de plus en plus problématiques avec près de 45 Mt[3] produites annuellement, ainsi que les batteries et les panneaux solaires, sont en voix de trouver des solutions pour éviter les sites d’enfouissement. Plusieurs développements sont en cours depuis des années pour la revalorisation du bois et la réutilisation des fibres. Plusieurs de ces innovations québécoises permettent de récupérer, de recycler et même de valoriser en composants qui seront réutilisés (biocarburants, chimie verte, etc.). La valorisation énergétique de matières résiduelles n’est pas non plus à négliger, ce qui diminue les besoins énergétiques issus du pétrole et abaisse ainsi la génération de gaz à effet de serre (GES).
En ce qui concerne l’impact environnemental des décharges de déchets solides municipaux (DSM), celles-ci sont la troisième source d’émissions de méthane d’origine humaine aux États-Unis, représentant environ 15,1 % des émissions totales[4]. Les émissions de méthane des décharges de DSM en 2018 étaient équivalentes à la génération des GES. En matière d’émission, les décharges de DSM représentent l’équivalent de plus de 20 millions de véhicules de tourisme sur les routes pendant un an ou les émissions annuelles de CO2 provenant de la consommation d’énergie de plus de 11 millions de foyers.
L’Exemple du recyclage des plastiques
Au niveau mondial, environ 16 % des plastiques sont recyclés, 40 % se retrouvent dans les sites d’enfouissements et 25 % sont convertis en énergie[5]. Dans les sites d’enfouissement, les plastiques subissent une fragmentation physique. Ainsi, on introduit des micro et nanoplastiques dans les cours d’eau, les environnements urbains, les zones de conservation ainsi que dans la chaîne alimentaire. Que faire avec le recyclage des plastiques ?
Les plastiques PVC (no 3) ne sont pas recyclables et le polystyrène (no 6) n’est pas recyclable à grande échelle au Québec. Les technologies de recyclage du polystyrène sont à leurs premières démarches. Le recyclage des plastiques de types 1 et 2 sont pour l’heure actuelle, les seuls qui sont économiquement viables pour les recycleurs, mais il est difficile d’obtenir des produits de recyclage base de haute qualité[6].
Figure 4- Petite introduction aux types de plastiques recyclables, l’Escale Verte (2019)
Le recyclage mécanique est la principale méthode de recyclage du plastique. Cette méthode est limitée par le coût, la dégradation des propriétés mécaniques du plastique et une qualité plus faible des flocons de plastiques obtenus. À chaque passage de recyclage mécanique, le plastique se dégrade au point qu’éventuellement, il n’est plus réutilisable. Pour remplacer le système linéaire de « produit-consomme-jette » avec un système circulaire où les plastiques sont recyclés sur une plus longue période, il faut développer de nouvelles technologies de recyclage, ce que beaucoup d’entreprises du Québec s’efforcent de faire pour être à la fine pointe.
En conclusion, chaque maillon de la chaîne doit faire son effort. Le consommateur que nous sommes doit changer ses habitudes en réduisant sa consommation et favoriser le recyclage. Les municipalités et autres gouvernements doivent donner plus d’accès à la collecte et au recyclage, tandis que les innovateurs s’inscrivent et s’inscriront dans les nouvelles technologies de tri, de transformation et de valorisation. Et ce, non seulement pour la journée de la Terre, mais tout au long de l’année.
[1],2 Trends in Solid Waste Management, TheWorldBank (2016)
[3] The world’s e-waste is a huge problem. It’s also a golden opportunity, WE forum (2019)
[4] Basic Information about Landfill Gas, EPA (2021)
[5] Mechanical Recycling of Packaging Plastics: A Review, Wiley Library (2020)
[6] Innovations in recycling, National Geographic (2021)