Le gouvernement canadien veut réduire
les émissions provenant d’engrais
azotés de 30 % d’ici 2030
Selon l’étude dévoilée à Glasgow lors de la COP26, la production et l’usage global des engrais azotés synthétiques contribuent à 21,5 % des émissions annuelles du secteur agricole, ce qui représente 2,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre[1]. Les engrais azotés sont produits à partir de gaz naturel dont la composante principale est le méthane, un GES extrêmement plus nocif que le CO2 par exemple. Les effets néfastes pour l’environnement vont au-delà des émissions. Il a été démontré que l’application excessive des engrais azotés synthétiques acidifie et dégrade la qualité des sols, ce qui nuit à la productivité. De plus, l’échappement de l’azote dans les cours d’eau stimule la prolifération des algues et entraîne la destruction des écosystèmes aquatiques.
La problématique ne s’amenuise pas, car l’usage des engrais azotés ne cesse d’augmenter d’une année à l’autre. En 2021, des engrais azotés a été estimée à 57 milliards $ US et les projections pour 2030 s’élèvent à 88 milliards $ US[2]. Au niveau de la chaîne d’approvisionnement, les producteurs agricoles canadiens importent jusqu’à 90 % de leurs engrais azotés de la Russie, principal exportateur mondial[3]. Étant donné les sanctions imposées contre la Russie dans le cadre du contexte géopolitique actuel, les coûts d’approvisionnement d’engrais ont augmenté drastiquement. Au Québec, le prix de l’engrais azoté s’élève maintenant à 1200 $ CA la tonne, comparativement à 650 $ CA l’année dernière[4].
Au Canada, l’utilisation des engrais en agriculture est huit fois supérieure à la moyenne mondiale par habitant. Pour remédier à ce problème, le gouvernement fédéral veut réduire les émissions de GES provenant des engrais azotés de 30 % d’ici 2030[5]. Selon un récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, trois quarts des agriculteurs sont d’avis que cela réduirait leur production alimentaire globale[6]. Dans le cadre d’un second sondage mené par ce même groupe, 361 agriculteurs annoncent qu’ils ont déjà mis en place des mesures ou comptent adopter de meilleures pratiques pour gérer ou réduire leurs émissions provenant d’engrais azotés. Cela comprend le travail de conservation du sol (53 %), les analyses annuelles de la teneur du sol en azote (50 %) et la rotation des cultures en incluant les légumineuses et autres types de plantes fixatrices d’azote (50 %).
Bien qu’il existe des méthodes et procédés pour réduire l’usage d’engrais azotés, les agriculteurs font face à une multitude de défis. Que ce soit la disponibilité des technologies existantes, du savoir-faire ou de l’accès au capital, l’atteinte des objectifs environnementaux dépend ultimement de la collaboration entre les divers participants. Les gouvernements, le secteur privé et les financiers ont tous des rôles importants pour soutenir les producteurs agricoles.
L’innovation dans le domaine des technologies propres et la commercialisation de technologies agricoles innovantes sont primordiales pour surmonter les défis de notre époque.
Une entreprise du portefeuille du Fonds Ecofuel dans le domaine de l’Agtech, ChrysaLabs, commercialise une sonde portative pour l’échantillonnage du sol en temps réel. En fournissant aux producteurs agricoles les données sur la santé des sols, cela permettrait d’appliquer la quantité d’engrais exacte aux bons endroits et au bon moment. Le Fonds Ecofuel soutient les entreprises du secteur Agtech qui propose des solutions pour la réduction des impacts environnementaux provenant de l’utilisation des engrais.
[1] Greenhouse gas emissions from global production and use of nitrogen synthetic fertilisers in agriculture (2021)
[2] Nitrogenous Fertilizer Market Size, GrandViewResearch (2021)
[3] Proof Point: Can Canada feed the world? RBC (2022)
[4] Hausse du prix des engrais: les producteurs agricoles s’inquiètent (2022)
[5] Réduction des émissions attribuables aux engrais, Gouvernement du Canada (2022)
[6] L’objectif fédéral visant à réduire les émissions d’engrais de 30 % d’ici 2030 doit rester optionnel pour les agriculteurs canadiens (2022)